L’EDITO DE PEPS : CLIMAT, ON T’OUBLIE PAS !

Le GIEC vient de rendre son dernier rapport. Force est de constater que les grands médias en ont peu parlé, et que le sujet de la crise climatique les a moins intéressés que les rivalités entre Le Pen et Zemmour. Et pourtant, d’un côté, c’est le sort de l’humanité qui se joue dans les siècles à venir, de l’autre, un choix entre la peste et le choléra.

De rapport en rapport, le GIEC montre la dégradation inexorable des conditions de vie de l’humanité et des autres écosystèmes, sous l’effet du dérèglement climatique, alors que nous en sommes « seulement » à une hausse de 1,1°C depuis l’apparition de la grande industrie.

C’est devenu une évidence pour chacun.e, et nous pensons inutile d’en rajouter à la peur, qui est devenue un mode de gouvernement bien commode pour empêcher les gens de penser.

Du reste, l’avenir n’est pas écrit. Depuis sa prison, Gramsci écrivait « Il faut allier le pessimisme de l’intelligence à l’optimisme de la volonté ».

Toute l’humanité est dans le même bateau, mais quelques-uns sont sur le pont supérieur, et beaucoup dans les cales. Selon une étude de l’OXFAM, les 1 % les plus riches sont responsables de deux fois plus d’émissions que la moitié la plus pauvre de l’humanité. A l’inverse, ce sont les plus pauvres qui subissent le plus – et de loin – les conséquences du changement climatique – comme d’ailleurs toutes les autres nuisances.

Aujourd’hui, nous vivons l’injustice climatique.

Souvenons-nous de la taxe sur les carburants, qui a mis le feu aux ronds-points en suscitant le mouvement des Gilets jaunes.

La crise du Covid, qui trouve son origine dans la destruction des écosystèmes – par la déforestation et le changement climatique – n’a pas été un drame pour tout le monde. Il a mis à nu l’enrichissement éhonté de laboratoires pharmaceutiques, au détriment de l’hôpital public, comme s’il y avait un vase communiquant entre les deux.

La gestion financière de la crise par le gouvernement s’est révélée un pactole pour les actionnaires des entreprises du CAC 40, beaucoup moins pour les personnels des hôpitaux et autres « premier.e-s de corvée ». Preuve que les premier.e.s de cordée ne ruissellent pas !

Comment se sortir alors de cette situation ?

Le rapport du GIEC esquisse des pistes d’action destinées aux gouvernements :

– transition énergétique, pour réduire les émissions de CO²

– meilleure gestion de l’eau et de l’irrigation allant de pair avec une meilleure adaptation des cultures aux conditions climatiques via l’agro-écologie

– préservation du milieu naturel (restauration des forêts et des écosystèmes naturels, arrêt de l’urbanisation dans les zones côtières, végétalisation des villes …)

Ces mesures vont dans le bon sens.

Mais pensez-vous que les gouvernements vont se saisir de ces propositions ?

Se lancer résolument dans la transition énergétique, par la sobriété énergétique, par une politique résolue d’économies d’énergie dans les logements, la lutte contre la mobilité forcée, la réduction du transport aérien, la dé-métropolisation, etc… ?

Passer du modèle agro-industriel à une agriculture paysanne  et une alimentation saine pour tous.tes ?

Abandonner les grands projets inutiles destructeurs de terres agricoles et de milieux naturels ?

Saisir l’occasion pour réfléchir collectivement sur les activités à abandonner ou à réduire ? À celles au contraire à développer ? Réinterroger la « société de consommation » en allant vers une décroissance choisie ?

A la place de cela, nous avons eu, en France, la mauvaise farce de Macron, avec la Convention citoyenne pour le climat (CCC) : un très bon rapport des citoyen.nes, mais la plupart des propositions ont été mises à la poubelle par Macron : un bel exemple de démocratie, du même acabit que le « grand débat » concédé aux Gilets jaunes dans le but d’arrêter le mouvement, qui a été, ni grand, ni un débat, d’ailleurs.

Pouvait-il en être autrement ?

Pas vraiment, sinon dans un moment révolutionnaire.

Le système capitaliste est, par sa nature, productiviste, en recherche permanente de profits et de croissance, incompatible avec la finitude de la planète. Dans ses capacités d’adaptation, il conserve ces caractéristiques, particulièrement aujourd’hui, où il est dominé par le capital financier qui recherche les profits à court terme.

Repeint en vert par nécessité, il cherche une sortie par une fuite en avant technologique (la technologie ayant réponse à tout, même pour s’installer un jour sur la planète Mars). Il trouve même des systèmes pour tirer des profits de sa turpitude. Ainsi, l’arnaque des marchés du carbone et les mécanismes de compensation, véritables « droits à polluer », qui contribuent, par l’investissement dans des projets dits « de protection de l’environnement » à l’expulsion des populations autochtones de leurs terres: le colonialisme sous la forme de la protection de la nature !

C’est ainsi que, de COP en COP, se mène une lutte de classes à bas bruit à l’échelle mondiale, menée par le capital financier qui s’est assujetti les gouvernements et qui dirige les affaires. Peut-on compter sur eux pour régler des problèmes dont ils sont à l’origine ? Bien sûr que non.

Dès lors, c’est aux peuples de s’emparer de la question climatique, car le climat est un bien commun mondial.

Cette lutte pour le climat est étroitement liée à celle de la défense des écosystèmes.

Elle se mène de l’échelle locale à l’échelle internationale, sous des formes diverses : luttes paysannes contre les grands propriétaires terriens, les multinationales,( contre les grands projets inutiles et la bétonisation, contre le modèle agro-industriel  pour revenir à une agro-écologie paysanne; résistance des peuples autochtones contre les activités minières ou pétrolières ; lutte contre la mondialisation capitaliste par les traités commerciaux tels de TAFTA le CETA…, mouvements des places ou des ronds-points, expériences communalistes à l’échelle locale.

Nous sommes à cet égard solidaires de l’action des militant.es d’Extinction Rébellion au Salon de l’agriculture, sur le mot d’ordre « Exigeons un changement de régime pour notre système de production agricole pour parer à l’urgence climatique qui nous guette » .

Toutes ces luttes, certes, ont du mal à converger , mais elles sont porteuses de valeurs qui s’opposent à celle du système dominant ; solidarité, coopération, refus des exploitations et oppressions de tout genre, plaisir d’agir ensemble, de se réapproprier sa propre vie.

Ce sont les valeurs d’un nouveau monde qu’il nous revient d’inventer. Contre ce système dont Jaurès disait, dans son dernier discours : « le capitalisme porte la guerre comme la nuée porte l’orage ».

La lutte contre le changement climatique est écologique et sociale en même temps, c’est la lutte pour cette société nouvelle !

PEPS se joint à l’appel à manifester le 12 mars

et soutient la Grève mondiale des Jeunes pour le climat le 25 mars

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